La tour Charotte

La Tour Charotte :

La tour Charotte

 La construction d’une tour nécessite de la pierre en abondance et un fond rocheux pour assoir les assises. Les tours fortes sont une originalité majeure de la Bourgogne par rapport aux régions voisines. Ce type pourrait être défini comme celui des habitats fortifiés mineurs dont l’élément défensif et résidentiel principal est une tour. L’aristocratie  rurale médiévale étant une aristocratie guerrière, elle justifie ses pouvoirs par la possession de la terre et la capacité à défendre cette terre et ses habitants en cas de conflits. La tour forte est capable de résister à un coup de main, mais pas à une armée. Elle abrite en temps de paix une famille restreinte et en temps de guerre la population d’un seul village ou d’une partie de village.

Son identification peut se faire par les vestiges quand la tour est conservée, mais plus souvent par l’appellation de « tour » ou « tour forte » donnée par les archives. 

Les tours fortes étaient nombreuses le long de la vallée de l’Oze : Verrey sous Drée, Champrenault, Turcey, la tour de Salmaise, Thenissey, Gissey sous Flavigny et la tour Charotte à Boux. Une telle concentration peut bien sûr s’expliquer par des traditions vernaculaires ou par des influences d’un site sur l’autre. Le milieu naturel a peut-être imposé ses contraintes : la socle rocheux solide pour appuyer ses fondations.  Peu de pièces dans ces tours : le premier niveau, souvent voûté et sans cheminée pouvait servir de cellier, le second  comportait la « saule » (la salle) vaste pièce à vivre avec cheminée et four et la chambre du seigneur. Le troisième niveau était le niveau défensif.

La tour Charotte était à l’origine une tour forte de forme carrée, couverte en laves, comportant 2 étages, quelques archères droites, et surtout un dernier étage défensif percé de fenêtres de tir rectangulaires, Elle avait une hauteur comprise entre douze et seize mètres avec une souche de cheminée cylindrique sur dé carré à larmier.  Construite après 1365, elle a été complétée par des dépendances en retour d’angle et par une enceinte.  En 1406 la tour Charotte est constituée principalement  d’un donjon sur motte (tour sur une élévation)

On retrouve dans les murs de la maison d’habitation de Gérard Grandchamp des arbalétrières à ébrasement interne dont les orifices de tir ont été obstrués et au rez-de-chaussée du colombier  dans le cellier, et dans le mur lui faisant face à l’aplomb de la porte  de la cour,  des  « archères-canonnières » adaptées au tir d’arquebuse,  à ébrasement interne,  équipées d’une fente de visée pouvant éventuellement servir d’archères. Les orifices sont aménagés  à la jonction de deux pierres, dont le joint laissé libre peut servir de dispositif d’aide à la visée. Elles étaient destinées à des armes portatives pouvant être épaulées, ou  pour des canons de petits calibres : des couleuvrines. Ces canonnières défendaient la porte de la forteresse qui à l’époque de sa construction devait comporter une bretèche. Ainsi défendue, elle pouvait servir de lieu de refuge en cas d’éminent péril

La tour CharotteLa tour Charotte

La tour Charotte

Les bâtiments qui dépendaient du fief patrimonial de Cicon ou Tour Charotte  furent en grande partie détruits, y compris les murs d’enceinte. Il subsiste :

- Un puits d’époque médiévale, dont le mécanisme a été remanié

La tour Charotte

- Un pigeonnier carré à deux étages, dont les murs ont 80 cm d’épaisseur. Il est accolé à une arcade qui fait porche d’accès.

La tour CharotteLa tour Charotte

C’est une construction en moellons de pierres plates recouverts d’un enduit ancien. La toiture a une couverture en laves anciennes. Elles  reposent sur une voûte en pierres de quatre voûtains. Il n’y a pas ou plus d’épi de faitage.   La corniche est en pierres de taille à doucine. Un bandeau de pierre de taille aussi à doucine ceinture le  pigeonnier sur la partie supérieure. Fenêtres d’envol à l’ouest. A l’intérieur, les boulins sont toujours en place. Ils sont carrés, en pierres appareillées comme aux châteaux de Grésigny, Munois,  Hauteroche. Le premier rang est à 1,20m du sol. Les boulins sont étagés sur 23 rangs soit au moins 1033 trous (1 trou =  environ 1 hectare de terre°°°°°).  Au sud  il y a trois ouvertures, une porte au niveau du sol a un linteau droit fait d’une grosse pierre équarrie, au dessus l’ouverture d’accès au pigeonnier et au-dessus du bandeau une grande fenêtre sans plage d’envol. L’arbre et l’échelle ont disparu.

- Un corps de bâtiment appartenant maintenant à deux propriétaires différents qui possède des murs de plus d’un mètre d’épaisseur, et un superbe escalier en pierre,  à vis en œuvre,   qui semble t-il a été en partie déplacé.  Il devait desservir les étages de la tour primitive (les étages étaient séparés par de simples planches).

La tour Charotte

                            Départ de l’escalier 

 Une vaste pièce avec plafond à la française reposant sur des modillons en pierre,  disposant d’une cheminée avec un petit four.(four à gâtir :à patisser)  Sur le manteau de celle-ci l’écu  en bois est illisible.

La tour CharotteLa tour Charotte

La tour Charotte

                          Petit four

- Des arquebusières dont l’orifice de tir a été obstrué et  des canonnières pour pièces à feu légères.

Ce bâtiment,  fortement remanié à plusieurs époques, pourvu de dépendances,  transformé en ferme,  a fait office de « celle monastique » au cours du XIXème siècle.

Fief patrimonial ayant appartenu en 1350 à Etienne de Grobois  dit de Boux et à sa veuve damoiselle Agnès, à cause de son douaire. Ce fief comprenait plusieurs maisons situées à Boux, quelques héritages, plus les droits et usages dans les bois et la rivière de la châtellenie de Salmaise et le quart d’un boisseau de grains, dont les trois quarts revenaient au prieur  de Salmaise.

  • Maul de Grésigny mentionne des terres de famille à Boux et à Salmaise. Une de ses filles épouse Guillemin de Charotte de Chatoillenot et sa dot fut assignée sur les terres de Boux et de Salmaise
  • 1365 : Guillemin de Charotte de Chatoillenot, seigneur de Gissey (sous Flavigny), de Grésigny en partie, déclare tenir en fief du duc  la dixmée ou moitié  de la maison forte  à fossés dudit Grésigny du côté de l’église, la tour, la saule, la chapelle plus le moulin, la justice haute moyenne et basse en sa maison et ses héritages, plus deux granges en la dite ville et leurs meix etc … item tout ce qu’il a en la ville de Boux, tant en maisons, prés, terres …
  • 1372 : Guillemin Charotte a des biens à Grésigny tenu en fief du duc de Bourgogne. Sa fille Isabelle sera l’épouse en 1391, d’Oudot, fils de Guiot Rigogne seigneur de Gemeaux et de Grésigny en partie,  de Gissey sous Flavigny en partie
  • 1388 : Les deux fils de Guillemin de Charotte : Bernard et Jean  celui-ci époux de Guillemette de Voulaines, ont aussi des biens à Grésigny
  • 1389 : Guillemin de Charotte, donne deux sections de grain sur sa terre de Grésigny à Notre Dame de Semur.
  • 1406 : Guillaume Poinceot de Saint-Seine, écuyer, tant en son nom que comme tuteur de Jean, Guibert, Guillaume, Perrenot et Guillemote ses enfants, issus de son mariage avec feue Jeannotte, fille de feu Jean le Boiteux de Vitteaux, présente un dénombrement qui renferme les détails suivants : à Boux, une maison appelée la Tour - Charotte, contenant environ 2 tirans, une masure de Grange appelée la Grange Charotte contenant 4 rains …..
  •     ?   : Claude Bernard Dorsan, Ecuyer

armoirial de Bourgogne

                                            Armorial de Bourgogne

  • 1473 : Antoine Du Bois, seigneur de Posanges, déclare tenir du Duc, en fief, au lieu de Boux, un maisonnement et métairie, ensemble un terrage en dépendant, appelé fief de la Tour Charotte. Il le fit figurer dans un dénombrement du 21 mai 1488.
  •    ?    : Noble seigneur Philippe du Bois
  • 1530 : Sa veuve,  Damoiselle Marguerite de la Thuilière et leurs enfants, ayant pour procureur Jacques de Longway, écuyer, seigneur de Billy, vendirent à Jean, bâtard de Cicon (seigneur franc-comtois), capitaine de Salmaise, qui le reprit de fief le 27 Juin 1530 et lui donna le nom de fief de Cicon.

Le village de Cicon a été créé au XIème siècle entre Rantechaux et Vanclans dans le comté de Bourgogne (Franche-comté). Il a donné son nom à une famille d’importance dans le baillage d’Ornans. Relevant de l’évêché de Besançon, le château de Cicon a été le berceau d’une famille  dont les nombreuses branches se retrouvaient dans les familles de Chätillon-Guyotte, Nant, Sauvagney et Willaffans

armes des CICON

Leurs armes étaient « d’Or à la face de sable » et pour timbre un buste de maure »

La branche de Châtillon portait  « trois bandes avec un lambel à trois pendants »

C’est sous cette nouvelle appellation que l’intendant Bouchu nous le fait connaître dans la visite qu’il fit en 1666.

Cependant, ce fief avait un nouveau possesseur, en la personne de Maître Nicolas Jobon qui ne put le conserver. Le 14 Juillet 1646, en l’hôtel situé paroisse St Médard à Dijon et par -devant Etienne Fyot, écuyer, Conseiller du roi, trésorier général de France en Bourgogne, intendant des affaires de mesdames les princesses dames de Salmaise, comparut Claude le Compasseur, écuyer, seigneur de Courtivron, conseiller du roi au Parlement de Dijon, assisté d’Alexandre Michel, notaire garde-notes et tabellion royal héréditaire, établi et demeurant à Dijon paroisse St Jean.

Le seigneur déclara qu’il s’était rendu acquéreur, par arrêt et décret du parlement de Dijon, des biens possédés par Nicolas Jobon, au finage de Boux, moyennant 16.460 livres, lesquels biens étaient de la  mouvance de la châtellenie de  Salmaise. Pour se conformer à la coutume du Duché de Bourgogne l’acquéreur « rendit ès mains d’Etienne Fyot, les devoirs de foi, hommage et fidélité dus aux dames de Salmaise et s’engagea à fournir le dénombrement de tous les biens acquits par lui dans le délai de quarante jours »

  • 23 Juillet 1646 : Claude le Compasseur écuyer, seigneur de Courtivron, fait connaître son dénombrement à savoir : une maison, des granges, un jardin, des prés, vignes, et terres labourables, le droit de prendre du bois de chauffage au grand bois derrière le parc de Salmaise, en allant à St Seine et autres droits.
  • 1715 : Jacques de l’Estrade de la Cousse d’Arcelot,  chevalier de St Louis, seigneur de la Tour Charotte, alcade de la noblesse, premier seigneur engagiste de Boux, Presilly et les Bordes

Les d’Arcelot sortaient de la terre du même nom, en Bourgogne, érigée en marquisat par lettres du mois de Mars 1694, enregistrées à la Chambre des comptes de Dijon le 17 mars 1697.

Superbe pièce de charpente de la « Tour Charotte ».

La tour Charotte

 

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